jeudi 5 novembre 2015

#NonauHarcèlement : mon témoignage pour sensibiliser au harcèlement scolaire

Aujourd'hui je vais vous révéler une partie de moi, une partie de mon histoire. Certaines personnes de mon entourage connaissent cette histoire d'autre pas, mais j'ai souhaité apporté ma "pierre à l'édifice". 
Pour mon histoire le mot harcèlement est, je trouve fort, mais cela dit c'est ce que c'était. Je vous livre ce petit bout de moi en cette journée. 

" Cette année scolaire se présentait bien, j’entrais en 1ère L option arts plastiques. J’allais enfin me consacrer aux matières littéraires que j’aimais tant même si les mathématiques, la biologie, les SVT, et la physique-chimie faisait encore partie de mon emploi du temps. En fin d’année j’en serais débarrassée avec les épreuves anticipées du bac. 

J’allais passer du temps en salle d’arts plastiques, 5h par semaine, 3h à de pratiques et 2h de théorie. Pendant la pratique les moments étaient détendus, chacun à ses travaux, on discutait, on bossait dans une ambiance qui aurait du être sympa. 

J’étais entourée de camarades et de CET élève là. CET élève que je ne connaissais pas, arrivé dans notre classe et …. qui m’a pris en grippe comme on dit. 
CET élève était là à tous les cours, tout le temps, hormis quelques heures par semaine où nos cours différaient. 

Je garde peu de souvenirs précis de ce qui se passait, hormis quelques évènements. 
Au début c’était les regards méprisants, de travers, une espèce de jalousie. Moi de mon côté je ressentais un malaise, une gêne. 
Et puis ça a continué, les remarques désobligeantes quand un prof m’envoyait au tableau, les insultes : « connasse, sale pute, t’es conne »…., et puis ce souvenir très précis : je passais dans la cour vide pendant une heure de libre, il arrive en face accompagné de 2 personnes « tiens c’est la connasse qui est dans ma classe ». 
Là le malaise s’est accentué pour moi. Le malaise, la boule au ventre de se lever en classe, de le croiser dans les couloirs vides. 

Et puis vers février-mars de cette année là, il y a eu les cours de dessin en partenariat avec l’école des Beaux Arts de la ville. Sur le groupe de « plasticiens » que nous étions il était le seul à ne pas venir.  Je me souviens de ces moments de répit entre le lycée et l’école d’arts de la ville. J’étais enfin moi même, je soufflais un peu. Ca et mes heures de sport à l’association du lycée et en dehors du lycée. 

Un jour mes camarades ont posé des questions : « pourquoi tu laisses faire ? », « pourquoi tu ne dis rien ? ». Je n’avais pas envie de réagir, pas envie de rentrer dans son jeu malgré mon malaise. Je me disais : ne réagis pas, il doit avoir des problèmes, être jaloux, mais finalement je gardais ça pour moi. Mon mot d’ordre « ne surtout pas réagir ». 

Et puis ce sont quelques unes de mes camarades qui ont réagi, ça disait en gros «  si tu n’arrêtes pas de faire ce que tu fais on t’isolera, ne compte plus sur notre relation ». 
Il est venu me voir et m’a dit texto : «  si tu as un truc à me dire dis le moi en face, passe pas par les autres », ce à quoi je me souviens lui avoir répondu quelque chose du type : « je n’ai rien demandé à personne », et quelque chose comme « assume ce que tu fais, assume tes actes ». 

L’année a continué, avec des hauts et des bas pour moi, personne en dehors de mes camarades ne s’est rendu compte de ce qui se passait. 
La fin de l’année est arrivée avec les conseils de classe de Mai (oui ceux qui arrivent vite à cause des examens). Pourquoi je parle des conseils de classe : parce qu’il y a une révélation à ce moment là. 
Le lendemain du conseil de classe le délégué de classe vient me voir : le prof de mathématiques (avec qui on était 2h par semaine) avait fait une remarque comme quoi j’étais quelqu’un d’étonnant et de fort. Je n’ai pas compris sur le coup (je ne devais pas avoir de nouveaux cours avec lui), mais ma prof d’arts plastiques a levé le voile. 
Le prof de maths avait vu ce qu’il se passait, il avait compris, et il l’a dit aux autres profs. Les autres n’avaient rien vu, elle n’avait rien vu. 
Ce jour là CET élève était absent, elle m’a demandé pourquoi je n’avais rien dit, pourquoi je n’avais pas essayé d’en parler. Je ne me souviens plus de ce que j’ai répondu, je ne sais même plus si j’ai répondu. 

Quelques jours avant le bac français, je le croisais prés de l’administration du lycée, il m’a adressé la parole, m’a demandé gentiment une information, je lui ai répondu. Je crois que ce jour là sa façon de m’adresser la parole c’était une forme d’excuse, une façon de reconnaître que j’étais égale à lui, que je ne méritais pas d’être insultée. 

Je ne le saurais jamais, il ne m’a jamais expliqué, ne s’est jamais excuse. 
Mes parents ne se sont pas rendus compte de ce qui se passait, je ne leur en ai jamais parlé, je ne disais rien. 

Mes moments de répit : le sport (prés de 6 à 8h par semaine), ce fameux trajet entre le lycée et l’école d’Art de la ville.
Comment j’ai tenu ?: mes camarades et ces heures de répit. 

Avec du recul j’aurais aimé pouvoir dire merci à ce prof de maths, lui qui s’est rendu compte de ce qui se passait. Les autres profs n’ont rien vu, mais peut être que si après moi d’autres élèves ont subi ce genre de chose, l’intervention de ce prof de maths a ouvert les yeux des autres. 

Ce que j’ai vécu pendant une année scolaire complète, je ne sais pas si on peut l’appeler harcèlement, ce mot est tellement fort. Je sais juste que pendant presqu’un an j’ai vécu un malaise constant à cause d’UN élève, un seul. J’ai eu la présence d’esprit de prendre du recul, j’ai essayé de me « blinder ». 

Le mot harcèlement est, je trouve trop fort, pour ce que j’ai vécu, mais cette année de 1ère n’a pas été facile à vivre. Je n’en garde d’ailleurs que peu de souvenirs. 

Aujourd’hui c’est la première journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, alors j’ai voulu apporter mon témoignage. 
Qe ce soit des insultes, des brimades, ou des violences physiques le harcèlement ne doit pas être pris à la légère. 
Je ne remercierais jamais assez mes camardes, car même si cela n’a pas arrêté les insultes, je n’étais plus seule. 
Alors si mon témoignage peut aider, peut permettre de sensibiliser des personnes sur ce point là, ce sera déjà bien." 


Vous pouvez aussi aller voir le documentaire d’Andréa Rawlins-Gaston et Laurent Follé, dans lequel six jeunes âgés de 15 à 23 ans racontent l’enfer qu’ils ont vécu au collège ou au lycée.
Il est visible par là : 
N’hésitez pas à aller voir ce documentaire, il est bien fait et permet de mieux comprendre.  Aux témoins de ce reportage : bravo, vos témoignages sont forts. 

Si des personnes sont témoins ou victimes de harcèlement scolaire il y a un numéro à disposition : 3020






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